Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/232

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sa pieté, son caractère doux et modeste, ses mœurs intègres et ses talens.

Long-temps esclave, Cugoano avoit partagé le sort de ces malheureux, que l’iniquité des Blancs déprave et calomnie.

Comme Othello, il peint le spectacle lamentable des Africains forcés de dire un éternel adieu à leur terre natale ; les pères, les mères, les époux, les frères, les enfans invoquant le ciel et la terre, se précipitant dans les bras les uns des autres, se baignant de larmes, s’embrassant pour la dernière fois, et sur le champ arrachés à tout ce qu’ils ont de plus cher. Ce spectacle, dit-il, attendriroit des monstres, mais non des colons[1].

À la Grenade, il avoit vu déchirer des Nègres à coups de fouet, pour avoir été le dimanche à l’église au lieu d’aller au travail. Il avoit vu casser les dents à d’autres, pour avoir sucé quelques cannes à sucre[2]. Dans

  1. V. ses Réflexions sur la traite et l’esclavage des Nègres, traduites de l’anglais, in-12, Paris 1788, p. 10.
  2. Ibid., p. 184.