Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/236

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civilisée, on enchaîne, ou l’on pend les voleurs, on envoie au supplice les assassins, et si les négriers et les colons ne subissent pas cette peine, c’est que les peuples et les gouvernemens sont leurs complices, puisque les loix encouragent la traite, et tolèrent l’esclavage. Aux crimes nationaux le ciel inflige quelquefois des punitions nationales : d’ailleurs, tôt ou tard l’injustice est fatale à ses auteurs ». Cette idée qui se rattache aux grandes vues de la religion, est très-bien développée dans cet ouvrage ; il prédit que le courroux du ciel frappera l’Angleterre qui, sur la traite annuelle de quatre-vingt mille esclaves pour les colonies, fait elle seule deux tiers de ce commerce.

En tout temps il y eut, dit-on, des esclaves ; mais en tout temps il y eut aussi des scélérats ; les mauvais exemples n’ont jamais légitimé les mauvaises actions. Cugoano établit la comparaison entre l’esclavage ancien et le moderne, et prouve que ce dernier, chez les chrétiens, est pire que chez les païens, pire surtout que chez les Hébreux qui n’enlevoient pas les hommes pour les