Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/239

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comédie, sentoit encore un peu le courtisan, et pas assez l’évêque.

Le bon Cugoano avoit vu partout des temples élevés au Dieu des chrétiens, et des pasteurs chargés de répéter ses préceptes ; pouvoit-il croire que des enfans de l’Évangile fouleroient aux pieds la morale consacrée dans le livre dépositaire des oracles divins ? il a eu trop bonne opinion des Européens, et cette erreur, qui honore son cœur, est pour eux une flétrissure de plus.

Capitein (Jacques-Elisa-Jean), né en Afrique, fut acheté, à l’âge de sept ou huit ans, sur les bords de la rivière Saint-André, par un marchand négrier, qui en fit présent à l’un de ses amis. Celui-ci donna au jeune Nègre le nom de Capitein, le fit instruire et baptiser, et l’amena en Hollande, où il apprit la langue du pays, et se livra d’abord à la peinture, pour laquelle il avoit une grande inclination. Il fit ses premières études à La Haye. Mlle Roscam, pieuse et savante, qui, semblable à Mlle Schurman, s’occupoit beaucoup des langues, enseigna au jeune Africain le latin, et les élémens du grec, de l’hébreu, du chaldéen. De La Haye il