Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/87

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flétri par la servitude, sous prétexte que ce travail excède les forces de l’Européen, quoiqu’on leur allègue le fait irréfragable de la colonie d’Allemands, établie par d’Estaing, en 1764, à la Bombarde, près du Mole Saint-Nicolas, dont les descendans voyoient autour de leurs habitations des cultures prospères croître sous des mains libres. Ignore-t-on que les premiers défrichements du sol colonial ont été faits par des Blancs, surtout par les manouvriers qu’on appeloit les engagés de trente-six mois ? Niera-t-on que dans nos verreries et nos fonderies, on supporte une chaleur plus forte que celle des Antilles ? Fût-il vrai que ces contrées ne puissent fleurir sans le secours des Nègres, il faudroit en tirer une conclusion très-différente de celles des colons ; mais sans cesse ils appellent le passé à la justification du présent, comme si des abus invétérés étoient devenus légitimes. Parle-t-on de justice ? ils répondent en parlant de sucre, d’indigo, de balance du commerce. Raisonne-t-on ? ils disent qu’on déclame ; redoutant la discussion, ils resassent tous les paralogismes, tous les lieux communs si rebattus et si souvent réfutés,