Page:Grégoire de Nazianze - Éloge funèbre de Césaire, 1853.djvu/90

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que je te visse réellement ou qu’un vif désir de te revoir m’apportât cette illusion.

XXII. Mais, laissant de côté les regrets, je tournerai mes regards sur moi-même ; je chercherai si, sans le savoir, je ne porte rien en moi qui mérite mes larmes. Fils des hommes, car c’est à vous que j’arrive, jusqu’à quand aurez-vous le cœur appesanti et l’intelligence épaisse ? Pourquoi aimez-vous la vanité et recherchez-vous le mensonge ? pourquoi vous figurez-vous que cette vie terrestre a du prix, que ces jours si courts ont de la durée, et vous détournez-vous de cette séparation si douce et si désirable comme d’un objet plein d’épouvante et d’horreur ? Ne saurons-nous pas nous connaître ? Ne rejetterons-nous pas ce qui paraît à nos sens ? ne regarderons-nous pas ce qui brille à notre intelligence ? Et, s’il faut nous affliger, ne pleurerons-nous pas sur cet exil qui se prolonge (comme le divin David,