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SUZANNE NORMIS.

moi. Suzanne m’attendait pour déjeuner, fort étonnée de ma brusque disparition.

— Voilà, fit-elle en m’apercevant, j’ai un père qui se dérange de plus en plus ! un père qui disparaît sans prévenir, qui rentre tout à coup, qui surgit entre les rideaux comme d’une tabatière à surprise ! Ah ! j’ai vraiment un père bien extraordinaire !

Elle regardait d’un air mutin ; ses yeux riaient, et toute sa gracieuse personne semblait danser. Je la pris dans mes bras, et je la serrai sur mon cœur qui battait trop fort.

— Suzanne, ma fille, lui dis-je, nous ne nous quitterons pas, tu demeureras ici après… après ton mariage.

— Vrai ? s’écria-t-elle avec son joli petit cri. Eh bien ! je m’en étais toujours doutée, car je me disais : Enfin, papa ne peut pas avoir de raison pour me mettre à la porte comme cela ! Au bout du compte, je suis toujours sa fille !

Ma chère enfant ! Quelle bonne journée nous passâmes ensemble ! M. de Lincy ne vint qu’à six heures et demie, et je constatai avec joie que Suzanne ne s’était pas aperçue de son retard.

Elle ne l’aime pas follement, me dis-je : tant