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ROMAN D’UN PÈRE.

théâtre ; je n’ai pas envie d’entrer dans cette salle chaude où il y a des bougies en plein midi ; il fait beau, allons au bois de Boulogne.

Nous fûmes bientôt au bord du lac, absolument désert à cette saison et à cette heure de la journée.

— Vois-tu, père, me dit-elle, lorsque le mouvement de la voiture et l’air vif d’une belle gelée eurent ramené son teint a sa fraîcheur ordinaire, il ne faut pas t’imaginer que M. de Lincy soit toujours aussi désagréable.

— Je trouve suffisant qu’il le soit quelquefois !

— Quelquefois, — pas souvent. Ce sont ces affaires d’argent qui le tracassent. Il a vendu ses terres…

— Quelles terres ? Lincy ?

— Oui ; pas le château ni le parc, mais tout le domaine…

Je bondis sur mon siège ; elle posa sa main sur mon bras. Je me calmai.

— Quand ? repris-je d’un ton aussi indifférent que possible.

— Peu de temps après ta visite…

— Un mois après ton mariage ?

— À peu près.

Je réfléchis encore. Une foule de détails que