Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
163
ROMAN D’UN PÈRE.

— Hélas ! soupira le docteur, c’est pour cela que je suis resté garçon !

Je réfléchis, puis un rayon d’espoir me vint d’en haut.

— Est-ce que M. de Lincy a une bonne constitution ? glissai-je cauteleusement.

— Lui ? il est bâti à chaux et à sable : ce garçon-là ira jusqu’à quatre-vingts ans !

Un morne silence régna dans le cabinet.

— Et moi, dis-je, aurai-je longtemps la douleur d’assister aux souffrances de ma fille ?

— Asseyez-vous, fit le docteur qui se mit à me palper et à me retourner dans tous les sens.

— N’avez-vous jamais mal dans les jambes ? me dit-il après un long examen.

— Si fait, lui dis-je, et même je voulais vous consulter à ce sujet ; il me semble que mes articulations se roidissent chaque jour ; j’ai des douleurs vagues…

— Ah ! mon ami, s’écria le brave homme en me tendant les deux mains, vous avez des rhumatismes, vous êtes sauvé !

— Sauvé ?

— Mon Dieu, oui ! à condition de ne pas vous amuser à faire des folies ; mais vous êtes sauvé, et probablement vous vivrez très-vieux, — avec