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ROMAN D’UN PÈRE.

et, le mètre à la main, je toisais et retoisais la place du lit, des chaises, des armoires… Une heure après, Pierre était en route pour la ville déserte avec le chariot de l’hôtesse, et le soir même, pendant qu’un bon feu de bois de charme brûlait dans les cheminées pour les assainir, nous couchions dans nos meubles.


XXXV


Je fus réveillé par les cris joyeux de Suzanne, et je me trouvai bientôt auprès d’elle.

— La mer, disait-elle, vois donc, père, la voilà en face de nous sous la fenêtre ! On dirait qu’il n’y a qu’à ouvrir la porte pour y tremper ses pieds.

En effet, la veille, tout occupés des arrangements intérieurs, nous n’avions pas songé à regarder par les fenêtres.

Un panorama splendide se déroulait devant nous. En face, la mer, d’un bleu foncé intense, qui faisait mal aux yeux ; au-dessus, le ciel d’un bleu plus pâle, doux et tendre ; à droite et à