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SUZANNE NORMIS.

gauche, deux bras de rochers roux qui enserraient une baie merveilleuse, si parfaite qu’elle avait l’air d’un décor d’opéra ; des falaises tantôt rocheuses, tantôt couvertes d’herbe drue et de hautes fougères ; quelques arbres pittoresques auprès de nous ; à nos pieds, un ruisseau d’eau vive qui traversait le jardin avec un bruit de cascatelle, et sous la fenêtre, de grandes plates-bandes de juliennes blanches qui embaumaient l’air. Un bruissement d’abeilles affairées remplissait l’atmosphère fraîche et tiède à la fois, où le vent avait la douceur du velours et la force vivifiante du bain salé.

— C’est prodigieux ! murmurai-je. Maurice Vernex ne m’avait pas trompé.

— C’est lui qui t’avait enseigné ce nid ? dit vivement Suzanne en se tournant vers moi.

— Oui, il y a longtemps ; je l’avais oublié, et puis, quand tu as parlé de revenir en France, je me suis rappelé le nom de ce pays étrange et sauvage.

Suzanne ne répondit rien ; mais une expression de joie et de gratitude passa sur son visage expressif…

— C’est un bon garçon, dit-elle, il ne nous est jamais venu de lui que du bien. Te rappelles--