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ROMAN D’UN PÈRE.

— Oh ! non, monsieur, pas de la contrebande, puisqu’ils feraient payer la douane à monsieur !

Je ne trouvai rien à réfuter dans cet argument. Évidemment, si je payais les droits de douane, je ne serais pas un contrebandier. Reste à savoir si ces droits seraient versés dans la caisse de l’État. Mais ce n’étaient pas mes affaires.

— Je ne savais pas, dis-je à Pierre, qu’il y eût des correspondances régulières avec l’étranger dans ce pays perdu.

— Si fait, monsieur. Ils partent de la pointe, là-bas — Pierre indiquait un petit havre à quatre ou cinq kilomètres en longeant la côte ; — ils vont aux iles à volonté, pour les messieurs qui voyagent… Je leur ai dît de me rapporter des couverts, ajouta Pierre d’un air d’importance. Quand on entre en ménage, il faut bien se meubler !

— Vieil imbécile, pensai-je, il veut se meubler avec des couverts en métal anglais ! Est-ce bientôt, ajoutai-je plus poliment, que Félicie quitte le célibat ?

— Dans quinze jours, monsieur, fit Pierre en se rengorgeant. Nous sommes déjà affichés.

Quinze jours ! En effet, dans quinze jours, il y aurait six mois que nous habitions Faucois.