Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
SUZANNE NORMIS.

vous allez lui donner une éducation libérale… Cette dernière phrase me parut obscure, et j’en demandai l’éclaircissement.

— Vous ne lui ferez pas faire sa première communion, continua madame Gauthier, noyée dans un véritable déluge de pleurs, et vous serez cause de la perdition de son âme.

— Suzanne fera sa première communion, dis-je gravement, je vous en donne ma parole d’honneur.

— Vrai ? s’écria ma belle-mère en tournant vers moi son visage à demi consolé.

— Positivement ; j’aime trop ma fille pour l’exposer à rencontrer dans la vie des obstacles que j’aurais pu lui éviter.

Je ne crois pas que madame Gauthier m’eût compris, mais elle me remercia avec tant d’effusion que je crus qu’elle allait m’embrasser.

— Et mademoiselle de Haags, qu’allez-vous en faire ? lui dis-je pour l’apaiser.

— Ma foi, je n’en sais rien… Elle a assez d’esprit pour se tirer d’affaire. C’est égal, mon gendre, c’est une jolie fille et une femme supérieure.

— Oui, d’accord, fis-je en souriant, mais à présent, chère mère, puisqu’il est entendu que