Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/105

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qu’on se proposait d’attaquer cette ville et de lui faire subir le sort de la capitale moabite. Entraîné par leurs suggestions, Chanoun fit au roi israélite un affront qui ne pouvait rester impuni. A ses envoyés qui, selon le droit des gens, étaient inviolables, il fit raser la moitié de la barbe, couper les vêtements jusqu’à la ceinture, et les expulsa du pays. David fut informé du fait, et il s’apprêta à une guerre sans merci. Les bans de l’armée furent convoqués, le corps des vaillants ceignit ses reins, et les troupes mercenaires des Krêtki et Plêthi, commandées par Benaïahou, marchèrent en tête. Chanoun, qui redoutait les qualités guerrières des Israélites, chercha à se procurer du renfort ; il soudoya des Araméens, répandus depuis la chaîne de l’Hermon jusqu’à l’Euphrate, et qui vendaient leurs services. Le plus fort contingent (20.000 hommes) fut fourni par Hadadézer, roi de Soba, prés de l’Euphrate. David ne fit pas cette guerre en personne, il en confia la direction au prudent et fidèle Joab. Aussitôt que celui-ci eut franchi le Jourdain avec son armée, il la partagea en deux corps, laissa l’un sous les ordres de son frère Abisaï, et attaqua lui-même les Araméens à la tête de l’autre. Il avait enflammé les courages par ces simples et expressives paroles : Combattons vaillamment pour notre peuple et notre ville sainte, Dieu fera le reste ! Joab, fondant avec impétuosité sur les Araméens, les mit en déroute, si bien qu’à leur tour les Ammonites, épouvantés, abandonnèrent la bataille et se retirèrent sous les murs de leur capitale.

Après cette belle journée, Joab se hâta de rentrer dans Jérusalem, où il rendit compte au roi et lui développa un plan consistant à écraser les Araméens, de façon à leur ôter désormais l’envie d’intervenir. Avec l’armée victorieuse, qui venait d’évacuer provisoirement le territoire ammonite et qu’il renforça encore, David se mit lui même à la poursuite des Araméens, au delà du Jourdain. Bien que le roi Hadadézer eût envoyé, lui aussi, de nouveaux renforts à son armée battue, elle succomba encore une fois, et son général lui-même perdit la vie. Les vassaux du puissant Hadadézer firent promptement leur paix avec David, qui, poursuivant son succès, pénétra jusqu’à la capitale du roi araméen, dans le voisinage de l’Euphrate. Les chariots et la cavalerie de