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CHAPITRE VI


LE ROI SALOMON
(1017-977)


David avait laissé la chose publique en si bonne situation, que son successeur, à moins d’être un sot ou un méchant, ou d’écouter des conseils pernicieux, devait avoir peu de peine à continuer son gouvernement. Mais Salomon fît mieux : il éleva le pays d’Israël à un si haut et si surprenant degré de splendeur, que les rayons de ce règne projetèrent leur éclat jusque sur les générations les plus éloignées. Certes, lorsqu’un roi a le mérite, sinon de fonder la puissance de son pays, du moins de la conserver, de la consolider, de l’agrandir ; lorsqu’il fait jouir son peuple de toutes les bénédictions de la paix et répand sur lui une telle abondance de biens que le plus humble toit ignore la misère ; lorsqu’il lui ouvre de nouvelles voies pour l’expansion de ses facultés ; que, doué en outre d’une haute raison, il facilite l’essor des intelligences, éveille et stimule le sentiment du beau, et, par toutes ces créations matérielles et morales, transforme son pays en État modèle, sans exemple dans le passé, presque sans rival dans l’avenir, — certes, un tel roi justifie les louanges que lui a prodiguées la postérité. Séduite par la grandeur de ses œuvres, elle a fermé les yeux sur ses faiblesses et les a mises sur le compte de l’imperfection humaine. Or, tous ces grands traits, on ne peut les méconnaître en Salomon. Avant tout, il a conservé la paix à son pays, bien qu’il lui eût été facile, avec les ressources que lui avait laissées son père, de tenter de nouvelles conquêtes. Cela même lui a valu son nom : Schelômô, le Pacifique. Il a donné à son peuple le bien-être et l’aisance, l’affranchissant ainsi de la gêne et du malaise. Il l’a gouverné avec sagesse et justice, et a aplani, par