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TROISIÈME ÉPOQUE


LA MARCHE EN ARRIÈRE


CHAPITRE VII


LE SCHISME ET LES NOUVEAUX PROPHÈTES
(975-738)


Après la mort de Salomon, pour la première fois depuis L’établissement de la royauté en Israël, la transmission de la couronne put s’effectuer sans secousse, sans agitation ni dissidence. Plus heureux que son père et son aïeul, Roboam put tranquillement prendre en main le gouvernement d’un pays devenu un vaste empire, auquel de nombreuses populations payaient tribut ; il pouvait bercer des plus doux rêves de puissance et de félicité. Soit que Roboam n’eût point de frère qui eût pu lui disputer la couronne, soit que le droit d’aînesse, ce droit primordial des successions privées, ait été étendu par Salomon à la succession royale, il est certain que Roboam monta sans encombre sur le trône de son père. Dans le fait, on ne vit plus désormais dans Jérusalem des compétitions entre frères pour la possession du trône, comme il s’en était produit à l’avènement de Salomon. Roboam, du reste, eût été peu propre à une pareille lutte. On peut affirmer qu’il ne ressemblait point à son père, et que son intelligence était au-dessous de la médiocrité. Comme tous les fils de roi nés dans la pourpre et dénués de qualités éminentes, c’était un esprit à la fois borné et présomptueux ; avec cela si inconsistant qu’il n’était pas capable de se conseiller lui-même. Nulle qualité guerrière, nulle grandeur dans les idées. Il ne voyait dans le trône qu’une perspective de puissance, de douce oisiveté, de jouissances matérielles. Ce rêve