Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/152

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qu’il semble avoir caressé fut de courte durée ; il devait être suivi d’un terrible réveil ! Un ennemi se rencontre inopinément, qui lui ravit puissance, repos, charmes de la vie, et qui déchira l’État israélite d’une plaie à jamais incurable.

Jéroboam, cet Éphraïmite qui, dans les dernières années de Salomon, avait levé l’étendard de la récolte, mais sans succès d’abord, et qui s’était enfui en Égypte, rentra en Palestine à la première nouvelle de la mort de Salomon, pour recommencer l’ambitieuse entreprise qu’avait approuvée un prophète. Son protecteur Scheschenk (Schischak), roi d’Égypte, avait probablement facilité son retour, peut-être en le faisant conduire par mer à un port israélite. L’audacieux enfant d’Éphraïm ne fut pas plus tut arrivé à Sichem, la seconde ville du royaume, que l’esprit de résistance éclata dans cette tribu, toujours prête à se mutiner. Jéroboam fut appelé à l’assemblée du peuple, ou plutôt il en provoqua la réunion, et lui suggéra la marche à suivre pour atteindre le but désiré, sans toutefois rompre brusquement avec la tradition. Les Anciens des autres tribus furent invités à faire cause commune avec les Sichémites, afin de donner à la résistance un caractère plus imposant et comme le sceau de la volonté populaire. Il fut résolu, avant tout, que les Anciens des tribus n’iraient point à Jérusalem, comme on l’avait fait jusqu’alors, pour rendre hommage au nouveau roi, mais que c’est lui au contraire qui serait invité à venir à Sichem pour y recevoir l’hommage. C’était le commencement de la révolte. Roboam céda, probablement à regret, mais dans l’espoir d’imposer par sa présence aux rebelles, si rebelles il y avait. Ce fut un moment néfaste et d’une portée grave dans les destinées d’Israël.

Roboam se rendit à Sichem accompagné de ses conseillers, Ies uns âgés et qui avaient assisté son père, les autres plus jeunes et dont il s’était entouré lui-même. Il emmena aussi, à tout hasard, l’inspecteur principal des corvées, Adoniram, accoutumé à terrifier les travailleurs par son regard sévère, au besoin par le fouet. A l’arrivée de Roboam, les Anciens se rendirent auprès de lui pour lui exposer les doléances du peuple. Jéroboam, qu’ils avaient choisi pour orateur, les formula de la façon la plus acerbe : Ton père nous a imposé un joug accablant et nous a soumis à un dur