Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/178

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retirer à Jezréel pour s’y faire panser, il laissa le commandement à l’un de ses généraux, appelé Jéhu. Un jour, un disciple d’Élisée vint trouver Jéhu, l’emmena de la part de son maître dans un lieu retiré, où il l’oignit roi d’Israël, lui commanda d’exécuter l’arrêt porté contre la race d’Omri, et disparut. Quand Jéhu revint au milieu de ses collègues, ceux-ci remarquèrent un changement dans sa manière d’être et lui demandèrent, curieux, ce que lui avait annoncé le prophète. Lui, d’abord, voulut garder le silence; mais à la fin il parla, dit qu’Élisée lui avait fait donner l’onction royale. Aussitôt les officiers lui rendirent hommage, ils étendirent leurs vêtements de pourpre sur la plus haute marche du palais en guise de trône, firent sonner la trompette et crièrent : Vive le roi Jéhu !

Une fois reconnu par l’armée, Jéhu sut agir avec décision et promptitude : il passa le Jourdain avec une partie des troupes et vola à Jezréel, où s’attardait Joram, encore souffrant de ses blessures. Au furieux galop des chevaux, qui de loin frappait l’attention, le roi reconnut les allures de son général et conçut des soupçons, qui se fortifièrent de ce que les courriers envoyés à sa rencontre ne revenaient pas. Il résolut d’aller voir lui-même ce qui ramenait Jéhu en si grande hâte et monta dans son char. Ochosias (Achasia), roi de Juda, son neveu, l’accompagna dans le sien. (Ce prince avait, peu auparavant, succédé à son pige Joram (888) et était venu visiter son oncle malade.) Ils rencontrèrent Jéhu dans le champ de Naboth : Quoi de bon, Jéhu, lui cria Joram ? — Que peut-il y avoir de bon avec les maléfices de ta mère Jézabel, répondit le soldat. Joram prit aussitôt la fuite, en criant à Ochosias d’en faire autant. Au même moment, une flèche, décochée par Jéhu, l’atteignit et il s’affaissa inanimé. Jéhu fit jeter son cadavre sur le champ de Naboth et rappela à son compagnon, Bidkar, qu’ils avaient été témoins, sur ce même champ, de la menace d’Élie à Achab : cette menace, c’était lui, Jéhu, qui citait appelé à en être l’exécuteur. Ochosias périt le même jour. Une révolution s’était accomplie, toute la maison d’Achab tomba, sans que personne se levât pour la défendre ; ses plus proches serviteurs mêmes délaissèrent les membres qui en restaient.