Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/180

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temple tous les sectateurs de Baal, agit comme s’il eût voulu lui-même prendre part aux cérémonies, pendant qu’en secret il disposait des gardes à l’intérieur de l’édifice et au dehors. L’heure venue, il fit son entrée arec Jonadab, s’avança vers l’autel et feignit de sacrifier. À ce signal, les satellites apparurent et se jetèrent sur leurs victimes, prêtres et profanes tombèrent, et tout ce qui tenta de se saurer trouva la mort en franchissant les portes. Les exécuteurs pénétrèrent ensuite dans le sanctuaire, brûlèrent la statue de l’idole et, après en avoir détruit l’autel avec ses pyramides, démolirent le temple même, dont ils convertirent l’emplacement en un monceau de fumier. Jéhu fit anéantir pareillement, dans tout le reste du pays, les objets de ce culte odieux : il se comporta en disciple d’Élie, en zélé serviteur de Jéhovah. L’idolâtrie ne subsista qu’à Jérusalem ou plutôt elle y était introduite alors par le fanatisme d’une femme, la digne fille de Jézabel.

C’est un singulier phénomène que les femmes, nées plutôt, ce semble, pour être les prêtresses de la pudeur et de la chasteté, aient montré dans l’antiquité un goût spécial pour le culte dissolu de Baal et d’Astarté. Maacha lui dressa des autels à Jérusalem, Jézabel à Samarie : Athalie, à son tour, lui en éleva dans la capitale de Juda. Mais ce ne fut ni son seul crime ni le plus grand. La fille de Jézabel dépassait de beaucoup sa mère en cruauté. L’épouse d’Achab n’avait fait mettre à mort que des prophètes, les partisans les plus inflexibles de l’antique loi ; elle n’avait, en tout cas, frappé que ceux qu’elle considérait comme ses ennemis. Athalie n’épargna pas sa propre famille, fit couler le sang des proches de son mari et de son fils. A la première nouvelle de la mort d’Ochosias, elle donna l’ordre d’égorger tous les membres de la maison de David demeurés à Jérusalem ; tous périrent, à l’exception du plus jeune, âgé d’à peine un an, et qui ne dut son salut qu’à une sorte de miracle. Quel put être le mobile d’Athalie en commandant ce massacre ? Était-ce l’ambition, pour régner sans partage, ou le fanatisme, pour assurer la suprématie au culte de Baal ? Quoi qu’il en suit, elle remplit de terreur la population de Juda, et il ne se trouva personne pour s’opposer à ses forfaits ; peuple et prêtres courbèrent le front devant elle, le grand prêtre Joïada lui-même se renferma dans le