Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/181

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silence. Jérusalem vit ainsi s’élever les autels et les pyramides consacrés à Baal au moment même où Jéhu faisait détruire ces signes d’idolâtrie à Samarie ; un grand pontife, Mathân, et nombre de prêtres subalternes, appelés du dehors, vinrent célébrer les rites de l’idole. Le temple de Moria demeura-t-il exempt de profanation ? Il semble que, moins conséquente dans l’audace que certains rois postérieurs, Athalie n’osa pas aller jusqu’à placer l’image de Baal dans le sanctuaire bâti par Salomon. Mais elle y interrompit le culte, et ses mercenaires cariens, avec les satellites qui, de temps immémorial, formaient la garde des rois, veillèrent aux portes du temple pour en interdire l’entrée. Six années durant (de 887 à 881), la reine opprima le peuple, probablement avec l’appui des familles nobles de Juda. Seul le plus proche parent de la famille royale, le grand prêtre Jaïada, demeura fidèle à l’ancienne loi et à la maison de David. Sa femme Josabeth (Yehoschabat) était fille de Joram, roi de Juda, sœur par conséquent de cet Ochosias que tua Jéhu. C’est elle qui, pendant qu’Athalie faisait massacrer les princes royaux, sauva le plus jeune enfant de son frère, le petit Joas (Yehoasch). Elle le cacha avec sa nourrice dans une partie retirée du temple, servant de dortoir aux Lévites, et l’y éleva, à l’insu de la reine, qui du reste ne s’inquiétait point de ce qui se passait dans l’édifice désert. Les Aaronides et les Lévites, dévoués au grand prêtre, gardèrent le secret ; d’ailleurs, leur attachement pour le dernier descendant de David s’augmentait de la tendresse que leur inspirait l’enfant. Joïada, de son côté, ne resta pas inactif : pendant les six années du règne despotique d’Athalie, il sut nouer des relations avec les chefs des mercenaires et des satellites et leur découvrit peu à peu l’existence d’un rejeton royal, héritier de la couronne de Juda. Il les trouva tous attachés à la dynastie légitime, tous ennemis de l’usurpatrice Athalie. Une fois sûr de leurs sympathies, il les conduisit dans le temple, les mit en présence de Joas, alors âgé de sept ans et qu’ils reconnurent sans doute à ses traits pour être du sang de David, puis leur fit prêter serment de fidélité à l’enfant. Leur concours lui permettait d’opérer à la fois une révolution et une restauration. Comme les chefs pouvaient compter sur une obéissance aveugle de la part de leurs soldats, les