Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/182

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détails de l’action furent arrêtés et le jour choisi pour l’exécution. Un sabbat, une partie seulement des gardes et des Cariens se rendirent à leurs postes, les autres prirent position à l’entrée du temple : ils avaient l’ordre formel de tuer quiconque tenterait de forcer les barrières du parvis. L’enfant royal ainsi couvert de toute attaque, Joïada fit entrer la foule dans le vestibule. Après un moment d’anxieuse attente, Cariens et bardes tirèrent leurs épées, les officiers prirent en main les armes de David, et le grand prêtre, amenant de son asile le jeune Joas, lui mit la couronne sur le front, lui conféra l’onction royale, et le fit asseoir sur le siège réservé aux rois dans l’avant-cour du temple. Les trompettes sonnèrent, les gardes entre-choquèrent leurs armes, le peuple battit des mains et tous crièrent : Vive le roi Joas ! Athalie, qui n’aurait aucun soupçon, confiante d’ailleurs dans ses mercenaires, ne se réveilla de sa sécurité que lorsque les rumeurs du temple parvinrent jusqu’à son palais. Elle accourut en toute hâte, suivie de quelques fidèles. Saisie de frayeur en apercevant ce jeune enfant ceint de la couronne, ses propres troupes rangées autour de lui, et la multitude transportée d’allégresse, elle se sentit livrée, déchira ses vêtements et s’écria : Trahison, trahison ! Quelques officiers s’emparèrent d’elle, la firent sortir du parvis et, passant par un détour sous la grande porte orientale, la ramenèrent au palais, où ils la tuèrent. Ainsi finit misérablement, comme sa mère, la dernière descendante de la maison d’Omri. L’intimité de Tyr n’avait porté bonheur ni à l’un ni à l’autre royaume ; la mère et la fille, Jézabel et Athalie, furent, comme leur déesse Astarté, une source de dépérissement, de ruine et de mort. La fille d’Achab n’avait guère de partisans à Jérusalem ; elle n’eut pas un défenseur à l’heure de son agonie. Les prêtres de Baal ne lui furent d’aucun secours ; impuissants à sauver leur propre vie, ils tombèrent eux-mêmes sous les coups de la fureur populaire.

Joïada, promoteur et exécuteur de cette grande révolution, eut soin de prendre des mesures pour éviter le retour d’événements si tragiques. Il profita de la joie et de l’enthousiasme universels pour rallumer dans les âmes un attachement sincère au Dieu des ancêtres. Il adjura le roi et le peuple, réunis dans le temple,