Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/183

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d’affirmer solennellement qu’ils seraient à l’avenir un peuple de Dieu, qu’ils serviraient l’Éternel fidèlement et n’adoreraient plus d’autre Dieu. Peuple et roi le jurèrent à haute voix et scellèrent cette déclaration par une alliance. La foule se précipita ensuite vers le temple de Baal, y détruisit autels, statues avec tout ce qui avait servi au culte idolâtre, pendant que, Joas porté en triomphe au palais par les troupes, les gardes et la multitude, prenait possession du trône de ses pères. Une joyeuse animation régna dans tout Jérusalem. Les partisans de la reine déchue se tinrent à l’écart et n’osèrent pas troubler la joie populaire.

On est surpris de ne pas trouver l’action directe d’Élisée dans la double révolution politique et religieuse accomplie à si peu d’intervalle à Samarie et à Jérusalem. C’est par les mains d’un de ses disciples qu’il avait fait donner l’onction à Jéhu, choisi pour instrument de la vengeance divine ; quant à lui-même, il se tint à l’arrière-plan et n’assista pas même au renversement des autels de Baal. Il ne semble pas qu’il ait eu jamais des relations avec le roi Jéhu. Encore moins prit-il part à la chute d’Athalie et à l’extirpation de l’idolâtrie à Jérusalem. Sa principale occupation fut apparemment de former des disciples pour continuer la tradition d’Élie. Mais tous ne le reconnurent pas pour chef à l’égal de celui-ci : beaucoup lui reprochaient de ne pas porter comme eux les cheveux longs et incultes et de paraître ainsi moins estimer la vie naziréenne ; les enfants de quelques-uns, à Béthel, lui criaient : Tête chauve ! tête chauve ! Élisée différait encore de son maître en ce qu’il ne vivait pas exclusivement dans la solitude et conservait des rapports avec les hommes. Dans les commencements de sa mission, sous les Omrides, il séjourna sans doute aussi sur le Carmel, d’où il faisait de fréquentes visites aux apôtres sur les rires du Jourdain, toujours accompagné de son disciple Ghechasi ; plus tard, sous les rois de la race de Jéhu, il s’établit à demeure dans la capitale du royaume d’Éphraïm, ce qui lui valut le nom de prophète de Samarie. L’affabilité de son commerce lui donnait de l’ascendant sur les hommes et transportait ses convictions dans leurs esprits; des personnages considérables venaient s’instruire en l’écoutant ; le sabbat et les jours de néoménie, c’était le peuple qui l’allait voir. Mais il évita constamment de se montrer dans Juda et