Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/193

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à lui, recouvra jusqu’à la ville d’Ailat, au fond de la mer Rouge, et put ainsi reprendre par mer les lucratifs voyages d’Arabie et d’Ophir (les Indes). Il punit aussi les Philistins de toutes leurs cruautés envers les Judéens, leur prit les villes de Gaza, d’Asdod et de Iabneh, les plus proches de la frontière commune, et en fit raser les murs : enfin il réunit à son royaume des parties de leur territoire et y fit construire des forteresses.

Ce qu’il prit surtout à cœur, ce fut de refaire de Jérusalem une place forte. Le mur du côté nord, renversé à la suite des désastres de son père, fut relevé et fortifié plus qu’il ne l’était auparavant. Osias fit élever à trois endroits de l’enceinte des tours hautes de cent cinquante coudées. Sur ces tours et sur les créneaux des murailles, il fit établir des machines (Chischbonôt) qui permettaient de lancer au loin de grosses pierres. Il déploya, en général, la plus grande activité dans ses armements ; ses soldats furent pourvus de boucliers, de lances et de cuirasses. Il fit venir d’Égypte des corps de cavalerie et des chariots de guerre, comme au temps de Salomon, dont il parait du reste s’être proposé le règne pour exemple. L’ensemble de ces mesures ramena l’abondance dans le royaume : Le pays regorgea d’argent et d’or, ses trésors n’eurent point de bornes, il se remplit de chevaux et le nombre de ses chariots de guerre fut infini.

Non moins martial qu’Osias, Jéroboam II ne cessa, dans le cours d’un long règne, de guerroyer avec les Araméens. Il s’empara de leur capitale et ce succès lui transporta la suzeraineté des peuplades intermédiaires du Liban et de l’Euphrate, jusqu’alors tributaires de Damas. Sa domination ne se vit plus de rivale : le seul peuple qui, en d’autres temps, aurait pu lui disputer la suprématie, les Phéniciens, était tombé alors dans un état d’extrême faiblesse, par suite d’insurrections survenues à Tyr contre les descendants du roi Ithobal ; la guerre civile avait éclaté parmi eux, et le parti vaincu s’était enfui avec Élissa (Didon ?), fille du roi, sur la côte d’Afrique, où il fonda ou agrandit la colonie phénicienne de Carthage (vers 812). C’est de cette époque, en effet, que date la décadence de la Phénicie. Jéroboam II put donc étendre son empire de ce côté-là sans rencontrer