Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/222

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oratoires du prophète, la description des calamités prochaines, la satire de l’aveuglement actuel, les exhortations pleines de douceur et l’image d’une perspective heureuse pour l’avenir, tout fut mis en œuvre par Isaïe pour détourner de leur dessein les obstinés conseillers du roi. Isaïe voulait que, dans la lutte acharnée qui allait éclater entre l’Assyrie et l’Égypte, Juda demeurât neutre, ne fit rien, se tint tranquille.

Cependant les choses suivaient leur cours, malgré les efforts et les avis du prophète. Le roi Ézéchias, — car c’est en son nom que l’on agissait et parlait, — rompit avec l’ Assyrie, c’est-à-dire cessa d’envoyer son tribut à Ninive. Ce qui était inévitable arriva, le roi Sennachérib (Sancherib) réunit une armée nombreuse pour frapper un grand coup et sur Juda et sur l’Égypte, dont le chemin lui était ouvert, grâce à la soumission déjà complète des pays intermédiaires, Aram, Phénicie et Samarie. Les habitants de Juda se préparèrent à la résistance. Ne se sentant pas de force à soutenir un choc en rase campagne, leurs généraux pensèrent que les forteresses des vallées, qu’ils avaient mises en état de défense, arrêtèrent l’armée assyrienne jusqu’à l’arrivée des renforts égyptiens. On apporta une hâte particulière à fortifier Jérusalem. Les points faibles du rempart furent renforcés, celui-ci même exhaussé et les maisons que l’extension de la ville avait portées jusqu’à l’enceinte, démolies. L’ancienne ligne fortifiée de la ville de David (Sion) et la ville basse (Millô) furent couvertes par la construction d’une nouvelle enceinte, sur laquelle s’élevèrent des tours. Le lac Supérieur, qu’alimentait une source (Ghihon), fut couvert de maçonnerie et l’eau amenée dans la ville par le moyen d’un canal souterrain. L’autre aqueduc, au sud de la place, fut comblé et les sources bouchées, pour couper l’eau à l’ennemi et parer au danger d’un long siège. L’arsenal, la maison de la forêt du Liban, fut approvisionné d’instruments de guerre. Schebna, l’âme de cette activité bruyante, agit en ces circonstances avec aussi peu de ménagements que s’il exit lui-même été le souverain. Isaïe, indigné de ses procédés comme de l’absurdité de sa politique, le foudroya d’une apostrophe qui, apparemment, réveilla Ézéchias de sa vie contemplative, car peu après on vit Éliakim, fils de Chilkia, succéder à ce turbulent officier. Le nouveau préfet