Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/227

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finir qu’avec la lutte de Sennachérib et de l’Égypte. Que l’issue des combats fut favorable aux Assyriens, et Juda, le trône de David étaient perdus. On ignore la durée de cette guerre et du singe de Péluse. Tout à coup retentit à Jérusalem une heureuse nouvelle : Sennachérib et son armée regagnaient leur pays[8] dans une hâte qui ressemblait à une fuite (711). Qu’était-il arrivé ? Qu’était devenue cette nombreuse armée ? Nul ne le sait, ni alors ni depuis, d’une façon précise ; d’ailleurs le théâtre de la guerre était trop éloigné. A Jérusalem, on se raconta qu’une peste meurtrière, un ange exterminateur avait, en une seule nuit, détruit toute l’armée assyrienne. En Égypte, les prêtres rapportèrent que les souris des champs, en nombre infini, avaient rongé en une seule nuit les carquois, les cordes des arcs et les courroies des Assyriens, et que ceux-ci, privés de leurs armes, avaient dû s’enfuir précipitamment. Quelle que soit, du reste, la cause de cette déroute, les contemporains y virent un miracle, un châtiment de l’orgueil présomptueux et blasphémateur du roi d’Assyrie. À Jérusalem, la joie qui succéda à l’angoisse fut d’autant plus vive que le prophète annonça encore une fois, comme il l’avait fait depuis le commencement du siège, que les Assyriens ne décocheraient pas une flèche contre la capitale, et que Sennachérib s’en retournerait dans son pays les mains vides, par le même chemin qu’il était venu.

Le sentiment profond de la délivrance se traduisit par des hymnes d’allégresse, composées et chantées par les Lévites et qui résonnèrent dans le temple, hymnes magnifiques, aussi vraies dans leur conception qu’élégantes dans leur forme. Jérusalem était donc affranchie de la crainte des Assyriens. Ce qu’Isaïe avait prophétisé avec tant de force : Le joug d’Assur tombera des épaules de Juda, s’était accompli à la lettre. Les campagnards, dont une partie s’était réfugiée dans la ville, tandis que l’autre avait cherché un asile dans les pays voisins ou s’était cachée dans les cavernes, rentrèrent dans leurs foyers et purent sans inquiétude reprendre la culture de leurs champs. N’ayant plus à trembler devant un regard du roi d’Assyrie, les Judéens, dont le territoire était trop étroit, purent s’étendre sur d’autres terres, y fixer leurs demeures et s’y propager. Sans s’être en aucune