Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/228

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manière illustré par ses exploits, Juda se trouva occuper, après la défaite de Sennachérib, une position dominante parmi les pays voisins, qui secouèrent sans doute à la même époque le joug de la suzeraineté assyrienne. Le roi d’une contrée lointaine s’efforça d’obtenir son alliance. Celui de Babylone, Mérodach- Baladan (Mardokempad, 721-710), envoya des ambassadeurs à Ézéchias, avec des lettres et des présents, sous prétexte de le féliciter de sa guérison, mais en réalité pour faire alliance avec lui contre l’ennemi commun. Cet hommage venu de loin causa naturellement une vive joie à Ézéchias, qui accueillit les ambassadeurs avec de grands honneurs et leur montra ses trésors. Mais cette ostentation déplut à Isaïe, qui lui prédit que ce pays, si désireux aujourd’hui de nouer des relations avec Juda, lui ferait un jour la guerre. Le roi reçut avec humilité la réprimande du prophète.

Les quinze années que régna encore Ézéchias après la chute de l’empire assyrien (710-696) furent un âge d’or pour le développement intérieur du reste d’Israël. Chacun put s’asseoir en toute sécurité sous sa vigne et sous son figuier. Comme aux jours de David et de Salomon, des étrangers venaient s’établir dans l’heureuse Judée, y trouvaient un accueil hospitalier et se réunissaient au peuple d’Israël. Les affligés et les pauvres, les humbles méprisés, furent réconfortés par Ézéchias et purent vivre suivant les aspirations de leur âme. Maintenant il pourrait exécuter, selon le vœu de son cœur, le dessein qu’il avait formé de ne voir habiter son palais qu’à des hommes voulant le bien, soumis à Dieu et vivant dans l’innocence : les disciples d’Isaïe, que celui-ci avait imprégnés de son esprit, devinrent les familiers du roi ; on les appelait les gens d’Ézéchias. La seconde moitié du règne de ce prince fut, en général, une époque de chant[9], d’allégresse et d’enthousiasme. Les plus belles œuvres de la littérature psalmiste datent de cette période. Ce ne furent pas seulement des cantiques d’action de grâces et des hymnes sacrées qui s’épanchèrent de l’âme des poètes lévites, mais encore des chants semi mondains, probablement faits en l’honneur du roi Ézéchias, objet de l’attachement et de la vénération des fils de Lévi. On tonnait, par exemple, un cantique d’amour, composé à