Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/239

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un appendice historiques, il raconte la suite de l’histoire d’Israël jusqu’à la mort de ce prophète et au delà, et s’intitule lui-même la Seconde Loi (Mischnéh-Thora ou Deutéronome). Un code où respirent la cordialité et la tendresse est certainement un phénomène rare : d’ordinaire les lois sont froides, sévères, leur injonction, est rude et la menace l’accompagne : Tu feras ou tu ne feras pas, sinon tu seras puni. Ce n’est point ainsi que s’exprime le recueil découvert par Chilkia : il exhorte, il conseille, il supplie même, de faire ou de ne pas faire telle ou telle chose ; il ne menace point, il se borne à montrer les suites fatales de la transgression. Son langage est celui d’un père rempli d’amour, qui propose de grands objets à l’ambition de son enfant et le presse de ne pas perdre son avenir par une légèreté qui le ferait mépriser. L’on sent dans le Deutéronome comme un souffle caressant. Commandements, préceptes et ordonnances s’y présentent entourés de souvenirs et d’affectueuses exhortations, semblables, dans leur poésie, à une guirlande de fleurs. On y trouve aussi un cantique que Moïse aurait ordonné à son peuple d’apprendre par cœur et dont la substance est qu’Israël, après des jours prospères, enfreindra la loi pour se tourner vers les faux dieux, et en sera châtié par une nation vile et réprouvée : Alors il reconnaîtra que les dieux qu’il s’est choisis ne lui sont d’aucun secours ; que Jéhovah seul, qui l’a si miraculeusement guidé, seul blesse et guérit, seul tue et vivifie, et le vengera, en purifiant le sol souillé de son pays.

Rien d’émouvant comme les peines dont le Deutéronome menace l’inobservation des lois. Il arrache en quelque sorte le voile de l’avenir et montre. les calamités terribles qui attendent le peuple et son roi, s’ils s’obstinent dans la voie qu’ils ont suivie jusqu’alors. Tous les fléaux qui peuvent réduire l’homme au désespoir y apparaissent en un sombre tableau : d’un côté, la stérilité, la famine, la sécheresse et la peste ; de l’autre, l’humiliation, l’abaissement, l’esclavage et l’opprobre ; enfin, conséquence de ces afflictions physiques et morales, la mort du cœur, la démence et l’hébétude. Le matin tu t’écrieras dans ton angoisse : Que n’est-il soir ! Et le soir : Que n’est-il matin ! Le roi que tu te seras donné sera emmené captif avec toi chez un peuple que tu ne connaîtras pas.