Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sacrifices pour obtenir la grâce divine, force était de conserver cette forme de culte ; mais elle fut simplifiée. Un autel avait pour complément obligé un sanctuaire. Dans ce dernier, nulle image ne fut admise, mais uniquement un chandelier, une table avec douze pains, symbole des douze tribus, plus un autel, enfin une enceinte pour l’arche d’alliance (le saint des saints).

A l’autel, au sanctuaire et aux sacrifices, un corps de prêtres était nécessaire. Cette antique institution fut donc aussi conservée. Le sacerdoce fut naturellement conféré à la tribu de Lévi, la plus fidèle de toutes et la plus instruite, qui déjà en Égypte avait fait office de prêtres. Mais la possession territoriale aurait pu la conduire, comme les prêtres d’Égypte, à l’égoïsme, à l’abaissement du caractère, à l’exploitation intéressée du sentiment religieux. Les prêtres d’Israël, les Lévites, n’eurent point de canton en propre, et leurs moyens d’existence devaient se borner aux redevances que la loi prescrivait aux laïques de leur fournir. D’autre part, une vieille coutume, qui remontait à l’époque des patriarches, confiait aux premiers-nés des familles le soin des sacrifices. Cette prêtrise domestique, ne pouvant être brusquement supprimée, se maintint concurremment avec la prêtrise Lévitique. Il se mêla ainsi, à la pure doctrine du Sinaï, un élément disparate et même antipathique. Les tendances matérielles du peuple rendaient nécessaires ces concessions, qui devaient servir de transition et d’acheminement à des idées plus élevées. Mais la partie éclairée du peuple, plus ou moins pénétrée de ces mêmes idées, n’attribua jamais à l’institution des sacrifices qu’une valeur secondaire.

Les Israélites demeurèrent quarante années dans le désert, menant une existence nomade, cherchant des pâturages pour leurs troupeaux, errant çà et là de Kadesch au golfe d’Ailat. C’est dans cette région et dans cet intervalle que Moïse accomplit sa mission d’éducateur. Cette première génération s’éteignit peu à peu, et la génération nouvelle, élevée par lui et par les hommes qui le secondaient, devint une communauté confiante en Dieu, pleine de courage et de persévérance. Il lui donna une série de lois successives, qu’il s’attacha à faire pénétrer dans son cœur. Moïse s’était entouré d’un sénat composé des chefs des soixante-dix