Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/73

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avec joie, d’autres arec tristesse et frayeur. Les hommes de cœur se réunirent pour se serrer autour de leur roi et, en combattant à ses côtés, effacer la honte d’Israël ou mourir. Les pusillanimes se précipitèrent au delà du Jourdain ou allèrent se cacher dans des cavernes, dans des creux de rochers, dans des souterrains. Les esprits étaient pleins d’angoisses sur l’issue possible de la lutte. Les Israélites devaient se réunir à Gilgal, la ville la plus éloignée du pays des Philistins. Ce point avait été désigné par le prophète Samuel, qui avait averti Saül de s’y rendre également pour y attendre son arrivée et ses instructions ultérieures. Là sans doute, à Gilgal, se trouvait aussi le chœur des prophètes instrumentistes, qui avaient mission d’inspirer aux guerriers israélites, par leurs psaumes et leurs chants, le courage dans les combats et le dévouement au salut de la patrie.

Cependant les Philistins s’apprêtaient à une guerre d’extermination contre Israël. La nouvelle de l’attaque d’un de leurs postes par Jonathan les avait mis en fureur, mais ils en avaient été plus surpris qu’effrayés. Comment les Israélites, craintifs et sans armes, oseraient-ils s’attaquer aux Philistins, leurs maîtres ? Une troupe nombreuse, soutenue par un corps de cavalerie, s’avança par les vallées de la chaîne méridionale d’Éphraïm, traversant le pays dans toute sa largeur jusqu’à Mikhmas. De ce point central, des bandes armées se répandirent dans trois directions différentes. Chose profondément humiliante, des Israélites furent contraints de prêter assistance aux Philistins pour combattre leurs propres frères. Ce fut une heure néfaste pour le peuple d’Israël !

Pendant que les Philistins s’avançaient insensiblement jusqu’à Mikhmas, Saül, avec les vaillants de sa tribu qui s’étaient rassemblés autour de lui, attendait à Gilgal, avec une fiévreuse impatience, l’arrivée de Samuel, qui devait lui donner ses instructions prophétiques et remplir les guerriers israélites d’une martiale ardeur. Mais les jours succédèrent aux jours sans que Samuel se montrât. Chaque heure d’inaction semblait compromettre la chance favorable. Déjà une partie de la troupe de Saül avait lâché pied, voyant dans l’absence de Samuel un fâcheux symptôme. Dans son impatience, Saül prit le parti d’agir de son propre chef. Il offrit d’abord des sacrifices, selon l’antique usage, alla de