Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/109

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et cette vue réveilla les plaintes contre Antiochus, qui prétendait arracher de leurs cœurs cette Loi sainte pour les rendre semblables aux païens idolâtres.

Cette part faite à l’émotion, il fallait aviser aux résolutions viriles, donner du cœur au peuple et se préparer énergiquement à la lutte, qu’on prévoyait âpre et difficile. Juda divisa sa troupe en quatre corps, dont il confia trois au commandement de trois de ses frères. Il fit proclamer, selon la prescription de la Loi, que quiconque était nouvellement marié, ou venait de bâtir une maison ou de planter une vigne, quiconque aussi ne se sentait pas assez de courage, avait la faculté de quitter les rangs. Alors il s’avança contre l’ennemi dans la direction d’Emmaüs, à huit ou neuf lieues de Mispah. C’est là que Gorgias avait établi son camp, — environ cinq mille fantassins et mille cavaliers, — parce que ce point lui paraissait le plus favorable pour pénétrer dans la montagne de Juda et tomber sur le gros de l’armée maccabéenne. Il se proposait de l’attaquer la nuit à l’improviste. Mais Maccabée l’avait deviné et prévenu. A la nuit tombante, il avait levé le camp, s’était dirigé vers l’ouest par des chemins à lui connus et était arrivé sur les derrières de l’ennemi. Gorgias, voyant le camp des Judéens abandonné, s’imagina que, pris de peur, ils s’étaient enfoncés dans les montagnes, et il s’élança à leur poursuite. C’est ce qu’avait prévu Juda, qui aussitôt s’avança derrière les Syriens, atteignit leur camp, y mit le feu et continua sa marche. C’est à la pointe du jour seulement que Gorgias reconnut son erreur, en voyant l’ennemi, qu’il cherchait dans la montagne, s’avancer derrière lui de la plaine. Tout ce qu’il put faire dans cette situation, ce fut d’ordonner vivement à l’une de ses divisions de faire halte et de se jeter au-devant des Judéens. Cependant Maccabée avait rangé son corps en bon ordre et enflammé les courages pour la défense du pays, de la Loi et du temple. Son frère puîné lut rapidement aux guerriers quelques versets fortifiants de la Thora et leur donna pour mot d’ordre: DIEU AIDERA ! Le corps des Judéens, plus nombreux que la division isolée de l’armée syrienne, et combattant avec enthousiasme, remporta la victoire et mit l’ennemi en fuite. Juda avertit ses hommes de ne pas s’attarder au pillage, ayant encore à se mesurer avec le reste de l’armée ennemie qui revenait de la montagne.