Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/115

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des châteaux forts perchés sur des hauteurs et qu’il fallait emporter d’assaut. Là il trouva de nouveau sur son chemin Timothée, le tenace et infatigable général. Juda s’empara de plusieurs forteresses, en rasa les murs, en désarma les défenseurs, délivra les Judéens enfermés dans une de ces places et ceux de la Tobiène, et réunit pareillement les Judéens du Galaad pour leur faire passer le Jourdain et les établir en deçà du fleuve. C’est peu de temps avant la fête des Semaines (mai 164) qu’il revint à Jérusalem, avec cette foule d’émigrés galaadites. Le peuple accourut de toutes les villes de Judée pour féliciter les vainqueurs ; on célébra la fête d’un cœur joyeux et reconnaissant, et des psaumes d’allégresse retentirent dans le temple.

Aussitôt après la clôture de cette solennité, Juda partit avec ses hommes en vue de réparer un échec. Pendant son absence, les deux lieutenants qu’il avait laissés dans l’ouest pour surveiller le pays, — Joseph, fils de Zacharie, et Azarias, — avaient, contrairement à ses ordres, attaqué Gorgias, qui était resté à Jamnia avec une troupe ; mais ils avaient été battus et refoulés jusqu’aux montagnes de Judée. Il résolut donc de marcher contre Gorgias, comptant que la terreur de son nom et sa poignée de braves suffiraient à l’écarter. Cette fois encore, en effet, ses armes furent heureuses ; il détruisit plusieurs villes du littoral, en renversa les temples et en brisa les idoles.

Or, tandis que Juda avait ainsi relevé son peuple, avait transformé ces timides fuyards blottis dans des cavernes en une troupe de héros pleins de confiance en eux-mêmes et dans l’avenir, avait partout humilié et partout châtié les ennemis des Judéens, la retour de Syrie demeurait aussi tranquille que si ces graves événements ne n’eussent en rien intéressée. Comment Lysias, qui tenait les rênes de l’État, restait-il impassible en présence de cet audacieux défit ? Manquait-il de ressources pécuniaires pour soudoyer de nouvelles troupes ? Tenait-il réellement les Judéens pour invincibles ?... Un homme haut placé à la cour de Syrie, Ptolémée Macron, avait, dit-on, pris leur défense et blâmé, comme inique, la contrainte religieuse exercée à leur égard. — Du côté de l’Asie, de graves nouvelles écrivaient à Antiochus Épiphane. Après avoir mis à la raison, dans l’Arménie, le rebelle Artaxias, il avait fait