Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/118

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se glissa sous le corps d’un éléphant, qu’il croyait monté par le roi ; il perça le ventre de l’animal, qui tomba sur lui et l’écrasa. Mais il fallut céder à la supériorité du nombre. Juda se replia avec sa troupe dans Jérusalem et se retrancha dans la forteresse du temple. Lysias le suivit de près et en fit le siège dans toutes les règles, multipliant les engins d’attaque, auxquels Juda ne se fit pas faute d’en opposer d’autres. Mais le siège traîna en longueur, si bien que les provisions, peu abondantes à cause de l’année sabbatique, finirent par s’épuiser. Vaincus par les tortures de la faim, les guerriers s’échappèrent du fort, l’un après l’autre, par des conduits souterrains, et se dispersèrent dans la campagne. Maccabée seul, ses trois frères et quelques fidèles tinrent bon, résistant à la faim elle-même. Jérusalem — ou plutôt son dernier refuge, le temple — était sur le point de succomber, comme au temps de Nabuchodonosor, et menacé peut-être d’une nouvelle destruction. Un événement inattendu le sauva.

Ce même Philippe, qu’Antiochus Épiphane avait, à son lit de mort, nommé régent du royaume et tuteur de son fils, venait d’entrer dans Antioche pour enlever le pouvoir à Lysias. Dès que celui-ci fut informé, dans son camp, de l’entreprise dirigée contre lui, il songea à faire marcher contre son ennemi les troupes campées à Jérusalem. Un traité de paix fut conclu, dont la principale clause garantissait aux Judéens une liberté religieuse absolue. L’enceinte fortifiée du temple devait, en outre, rester intacte. Le roi et son tuteur ratifièrent la convention par un serment, sur quoi on leur ouvrit les portes du parvis extérieur pour qu’ils fissent leur entrée dans le temple. Mais ils n’y eurent pas plus tôt pénétré que, au mépris de la foi jurée, ils commandèrent à leurs soldats de jeter bas tours et murailles. Ils ne firent pas, du reste, d’autres dégâts dans ce sanctuaire et n’y commirent aucune profanation. Lysias avait hâte de marcher contre son ennemi Philippe, qui, entre temps, s’était emparé de la capitale, Antioche. — Ainsi, la longue lutte des Hasmonéens n’avait pas été sans fruit. Tout d’abord, la liberté religieuse était assurée aux Judéens, qui n’étaient plus contraints, désormais, de sacrifier à Jupiter. Mais ce n’est pas tout : la cour de Syrie retira sa protection aux Hellénistes, qui durent évacuer la citadelle d’Acra. Ménélaüs,