Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/127

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d’où il menaçait et les fidèles et le temple ; Bacchidès vainqueur, après la mort de Maccabée, lui avait même donné pleine autorité sur le pays, et il abusait de ce pouvoir au grand dommage des gens de bien. Mais des faits de ce genre, qui pourraient émouvoir ou révolter de grandes âmes, ont moins d’importance pour le vulgaire, amoureux de sa tranquillité avant tout, et peu disposé à risquer sa personne, sa famille et ses biens, s’il n’y est contraint par une autorité reconnue. Or, Juda Maccabée disparu, une telle autorité manquait en Israël. Les frères hasmonéens, quoique aimés du peuple, ne possédaient pas encore assez de prestige pour rallier la nation en masse autour de leur drapeau, et ils n’étaient, pour elle, qu’un parti comme un autre.

On peut, en effet, distinguer chez les Judéens, après la mort de Juda, trois partis bien tranchés ; et c’est même, à vrai dire, dans l’époque maccabéenne qu’il faut chercher la formation première des partis, ce signe de vitalité dans l’histoire d’un peuple. L’un de ces partis, qui avait ses racines dans l’essence même du judaïsme, était celui des Chassidim (Hassidéens), des piétistes rigides. L’antipode de ce parti était celui des Hellénistes, qui comptaient dans leurs rangs des prêtres, des employés du temple et les descendants de l’ancienne noblesse. La mort de Juda leur avait valu la reprise du pouvoir. Le troisième grand parti était celui que les Hasmonéens avaient eu, en peu de temps, la puissance de constituer. Il avait à sa tête les trois fils survivants de Mattathias : Jonathan, Siméon et Johanan, autour desquels se groupaient des alliés de leur famille, des amis et d’autres Judéens partageant leurs vues. D’accord avec les Hassidéens dans l’amour du judaïsme et des objets de son culte, les Hasmonéens se séparaient d’eux par une intuition plus large, une appréciation plus saine des circonstances et une activité résolue, marchant droit à son but sans s’effrayer des obstacles. Ce n’était pas assez pour eux d’avoir fait cesser la profanation du sanctuaire et les attentats à la liberté religieuse; ils voulaient aussi supprimer les causes déterminantes de ces maux. L’attitude de ce parti est bien caractérisée par cette parole d’un psalmiste : La louange de Dieu est dans leur bouche, et dans leur main un glaive à deux tranchants. Ils ne pouvaient souffrir que la Judée subit