Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/130

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encaisser le tribut annuel et mettre la main sur les forces productives de la nation.

La cour de Syrie montra aussi, après la mort d’Alcime, qu’elle n’entendait plus exercer de compression religieuse. Ce grand prêtre, tout impopulaire qu’il fût, n’avait nullement pactisé avec les Hellénistes à outrance. Il n’était, en somme, qu’un ambitieux, qui se mettait volontiers du côté du plus fort. Le méfait qu’on lui reprochait n’était pas précisément, à tout prendre, une transgression religieuse. Il y avait dans le temple, entre le parvis intérieur et le parvis extérieur, une sorte de palissade, une cloison à claire-voie, qu’on appelait pour cette raison le Soreg. Cette cloison, œuvre des prophètes, à ce qu’on disait, était une barrière que ne pouvaient franchir les païens, non plus que les personnes souillées par un cadavre. Alcime entreprit de la faire abattre, évidemment dans le but de permettre aux païens l’accès de l’intérieur. Les âmes pieuses en furent profondément blessées, et Alcime ayant été peu après atteint d’une paralysie des membres et de la langue, on ne manqua pas d’y voir un châtiment céleste. La charge de grand prêtre, la plus éminente dans l’État judaïque, se trouvait ainsi vacante ; la cour de Syrie la laissa inoccupée, ne voulant pas que les Judéens conservassent même ce vestige d’indépendance. Pendant sept années, le temple resta sans grand prêtre et le pays sans représentant politique. Selon toute apparence, les fonctions de grand prêtre furent exercées, dans cet intervalle, par un vicaire ou sagan, emploi qui subsista pendant toute la durée du temple. — On ne nous dit pas que les Syriens aient porté d’autre atteinte à la liberté intérieure des Judéens. Bacchidès, dit-on, se retira aussitôt après, et le pays eut deux ans de tranquillité (159-157).

Les chefs du parti hasmonéen, Jonathan et Siméon, profitèrent de cette accalmie pour se refaire et se mettre en état de défense. Dans le désert de Jéricho se trouvait une oasis, qu’ils fortifièrent c’était Beth-Agla, non loin du Jourdain, qui leur offrait le double avantage d’un bois épais et d’une source d’eau douce et limpide. Le voisinage du Jourdain protégeait les derrières de la petite troupe et lui assurait un refuge en cas de défaite. Dans cette guerre, il est vrai, Jonathan n’était guère mieux qu’un chef de