Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/131

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bédouins obtenant de la puissance régnante une trêve plus ou moins forcée ; mais il avait une autorité bien plus haute, parce qu’il possédait les sympathies du peuple et qu’il combattait pour une sainte cause. Du poste avantageux qu’il occupait, il dut infliger des pertes sérieuses aux Hellénistes, car nous les voyons de nouveau porter plainte auprès de la cour syrienne contre l’audace des Hasmonéens. Mais Démétrius ni Bacchidès, l’un indolent, l’autre instruit par l’expérience, ne se souciaient plus de batailler avec des guérillas sur un terrain défavorable ; les Hellénistes offrirent alors de leur livrer Jonathan et Siméon, qu’ils se chargeaient de prendre par ruse. Déjà une embuscade était préparée contre ces deux chefs, sur lesquels reposait l’avenir de la nation, lorsqu’un avis, qui leur parvint à temps, leur permit de déjouer le complot. Le résultat de cette échauffourée fut que cinquante Hellénistes furent pris et mis à mort. Bacchidès, qui avait compté sur un prompt dénouement, se vit empêtré dans une nouvelle guerre. Il assiégea les Hasmonéens dans leur fort de Beth-Agla. Mais leur troupe était déjà devenue assez considérable pour pouvoir se partager en deux corps. Harcelé de deux côtés, Bacchidès fut contraint de lever le siège, après avoir perdu une partie de son armée. Il se vengea de cet échec sur les Hellénistes, dont il fit périr un grand nombre.

Jonathan estima le moment opportun pour entrer en négociation avec le général syrien, et il réussit en effet à obtenir un traité de paix. Aux termes de ce traité, Jonathan pouvait, sans être inquiété, demeurer dans le pays ; excepté toutefois à Jérusalem ; comme garantie de ses promesses, — dont on ne connaît, du reste, rien de plus, — il devait donner des otages. On échangea les prisonniers. Bacchidès se retira, abandonnant à leur mauvais sort ses alliés les Hellénistes. Jonathan fixa sa demeure dans la place forte de Mickmas, où Saül aussi avait autrefois séjourné ; reconnu tacitement chef du peuple judéen, il en traita les ennemis avec une inflexible sévérité. Cette période, pendant laquelle le glaive cessa de sévir en Israël, fut d’environ cinq années (156-152). Ce qui serait sorti de cette situation indécise, il n’est pas facile de le dire ; ce qui est certain, c’est que, à moins d’un hasard inespéré, les Hasmonéens avaient peu de chances de voir se réaliser