Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/146

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avaient émigré. Le roi Philométor avait une si grande estime pour Onias et ses coreligionnaires, qu’il lui confia un nouveau poste d’une très haute importance. Les ports de mer et ceux des bouches du Nil rapportaient au trésor royal des revenus considérables. On y percevait, à l’entrée et à la sortie, des droits de douane sur les matières premières et les produits manufacturés. Grâce à ces revenus, l’Égypte, sous les Ptolémées et plus tard sous les Romains, était devenue le pays le plus riche du monde. Philométor confia à Onias la surveillance générale des douanes maritimes et fluviales. Sans aucun doute, c’est parmi les Judéens d’Alexandrie, qui demeuraient près du port, que furent choisis les préposés chargés de la direction des bureaux de douane d’entrée et de sortie.

Un autre événement bien plus considérable, et qui a eu une influence profonde sur le développement général de l’humanité, se produisit à la même époque, sur le même théâtre, et fut aussi diversement apprécié. La présence des fugitifs de la Judée, qui avaient quitté leur patrie et renoncé à leurs habitudes d’existence par attachement pour la loi de leurs pères, peut avoir éveillé chez le roi Philométor, prince éclairé et ami de la science, le désir de connaître cette roi, objet d’une vénération si haute. Ou bien les Judéens qui avaient accès auprès du roi ont-ils excité son intérêt en faveur de la Loi, si vilipendée par son adversaire, Antiochus Épiphane, au point qu’il désirât la lire dans une traduction ? Il se peut aussi que le libelle, dirigé contre les Judéens et leur origine, qui était répandu sous le nom du prêtre égyptien Manétho et écrit en langue grecque, ait fortifié chez ce prince le désir de connaître d’après les sources I’origine et l’histoire du peuple judéen. Ce pamphlet contenait des détails mensongers sur le séjour des anciens Judéens en Égypte : il racontait qu’ils étaient haïs dans le pays en leur qualité de pasteurs et qu’ils en furent chassés, comme des lépreux, sous la conduite d’un chef qui s’appelait Moïse. Mais quelle qu’ait été la raison déterminante de l’œuvre entreprise, la traduction dans cette belle langue grecque du livre sublime qui s’appelle le Pentateuque fut un fait de la plus haute y importance[1]. Nous ne savons rien de plus précis sur le manière dont l’œuvre fut menée à bonne fin. Selon toute apparence, le travail fut confié à cinq traducteurs, de sorte que chacun