Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/149

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et s’en rapportaient uniquement au texte grec. Toutes les erreurs qui s’étaient glissées dans la Bible grecque par ignorance, ou par suite de l’obscurité du texte, ou d’additions arbitraires, étaient sacrées à leurs yeux. C’est ainsi que plus tard ils enseignèrent, au nom du judaïsme, bien des choses qui lui étaient complètement étrangères. En un mot, toutes les victoires que le judaïsme a remportées sur le paganisme éclairé. et tous les faux jugements dont il a été victime, ont eu leur source unique dans cette traduction.

Le crédit qu’elle trouva aux yeux des Judéens et qu’elle acquit peu à peu auprès des païens invitait, en quelque sorte à lui prêter une sainteté supérieure et une autorité incontestable. Plus d’un siècle après, un écrivain juif lui attribua, dans un but apologétique, une origine fictive. Il prétendit qu’elle était due à Ptolémée Philadelphe, à qui son bibliothécaire en chef aurait révélé la haute valeur du livre de la Loi. Le prince, dit-il, envoya des ambassadeurs au grand prêtre Éléazar, avec de riches présents, pour lui demander des hommes capables, instruits à la fois dans la langue hébraïque et dans la langue grecque. Celui-ci choisit soixante-douze savants, pris dans les douze tribus, six hommes par tribu, et les fit partir pour Alexandrie. Le roi les accueillit avec grande faveur. En soixante-douze jours, ils eurent achevé la traduction de la Thora et la lurent au roi et aux Judéens présents. C’est à cette légende, qui, jusque dans ces derniers temps, était considérée comme un fait historique, que la version doit son nom de version des Soixante-douze ou, par abréviation, des Septante. Une fois le premier pas franchi, le désir de rendre tous les monuments littéraires du judaïsme accessibles au lecteur grec devait nécessairement se faire jour. Peu à peu les livres historiques furent également traduits en langue grecque. Les livres poétiques et prophétiques ne furent traduits que longtemps après, parce qu’ils offraient des difficultés plus grandes. La translation du Pentateuque en langue grecque produisit dans les communautés de l’Égypte un art nouveau, l’éloquence de la chaire. Peut-être l’usage existait-il aussi en Judée de ne pas se borner à traduire les chapitres du Pentateuque, lus en conférence