Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/150

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publique, dans la langue vulgaire du pays (en chaldéen ou en araméen), mais d’y ajouter des explications. Cet usage avait-il passé en Égypte ou a-t-il pris naissance chez les Judéens de ce pays, devenus plus étrangers que tous les autres à la langue hébraïque ? Imitation ou création, l’usage de traduire et d’expliquer aux auditeurs des versets obscurs et peu compréhensibles produisit un genre nouveau. Les traducteurs, empruntant aux Grecs leur manie de discourir, au lieu de s’en tenir au texte, cherchaient à l’étendre, à y ajouter des considérations, à en tirer parti pour l’actualité, à en faire ressortir des leçons. C’est ainsi que l’interprétation de l’Écriture fit naître la prédication, qui devint bientôt un art véritable, grâce à l’habitude grecque d’imprimer à toute chose la grâce et la beauté de la forme. L’éloquence de la chaire est fille de la communauté judaïque d’Alexandrie. C’est là qu’elle naquit, grandit et se perfectionna, pour être imitée, dans la suite, sur une plus vaste échelle.

Le charme que les Judéens de langue grecque trouvaient dans la Bible inspira aux plus lettrés d’entre eux le désir d’en faire le sujet d’un travail personnel, d’en développer les doctrines et même d’en expliquer les difficultés et les contradictions, apparentes ou réelles. Ainsi se forma une véritable littérature judéo-grecque qui prit, par la suite, une extension considérable et eut une influence féconde. Nous savons peu de chose des premiers temps de cette littérature où s’unissaient, comme dans une étreinte fraternelle, les caractères d’ailleurs si opposés des deux nations. Ici s’est vérifié une fois de plus cet axiome expérimental, que la poésie aux nobles accents précède d’ordinaire l’humble prose. Il reste encore des fragments d’écrits où l’histoire des anciens Judaïtes est racontée en vers. Ce furent probablement les disputes des Judéens et des Samaritains qui donnèrent naissance à ces œuvres poétiques.

Ces deux peuples voisins, professant le même respect pour la Thora, reconnaissant l’unité de Dieu et rejetant l’idolâtrie, différaient de vues sur tout le reste et n’avaient pas abjuré leurs vieilles rancunes ai leur haine mutuelle. Lors des persécutions religieuses, les Samaritains paraissent avoir également émigré en Égypte et s’être unis à leurs compatriotes établis dans le pays