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CHAPITRE VIII


LES PRINCES MACCABÉENS
(143-133)


Au moment où la communauté judaïque d’Alexandrie prenait un si grand essor intellectuel, les Judéens restés dans la mère patrie arrivaient à une situation politique si élevée qu’ils pouvaient envisager avec un légitime orgueil leur abaissement antérieur. Pour juger des progrès qu’ils avaient faits sous Jonathan, il suffit de comparer l’état où sa mort les avait laissés avec celui où ils s’étaient trouvés, lors de la mort de Maccabée. Dans les premiers temps, le successeur de Juda ne put réunir autour de lui qu’une poignée de braves. Il était un chef sans autorité et sans titre, n’ayant ni places fortes ni ressources pour l’attaque et la défense, assailli de tous côtés, du dehors et du dedans, par des ennemis. Le successeur de Jonathan, au contraire, Siméon Tharsi, le dernier des héroïques fils de Mattathias, trouva en prenant le pouvoir un peuple fort. Il reçut le titre légitime de prince avec la dignité de grand prêtre ; il trouva des forteresses, protection efficace contre les attaques de l’ennemi, et il n’avait devant lui qu’un seul adversaire, passablement affaibli déjà par son prédécesseur. Aussi la mort de Jonathan ne produisit-elle pas de découragement. Au contraire, elle enflamma les esprits des partisans de la famille des Hasmonéens et du peuple entier du désir de venger cette noble victime de son déloyal meurtrier. Siméon venait simplement remplir la place laissée vide dans le gouvernement du pays.

En prenant le pouvoir, Siméon, bien qu’au seuil de la vieillesse, avait encore la verdeur et le feu des premières années, comme au temps où son père mourant l’avait désigné pour être le