Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/159

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la dignité de grand prêtre et de nassi appartiendrait à lui et à ses descendants, tant que le vrai prophète ne surgirait pas dans le pays. Comme insigne de son pouvoir, Siméon aurait le droit de porter le manteau de pourpre arec l’agrafe d’or. Les documents publics devaient être rédiges en son nom. Il aurait le droit de guerre et de paix, le pouvoir de nommer les fonctionnaires civils et militaires et la surveillance exclusive du temple. Toute infraction à son autorité serait sévèrement punie. Cette résolution du peuple fut gravée sur des tables d’airain fixées aux colonnes du parvis du temple et placées bien en vue. Une copie en fut déposée aux archives. Malgré leur répulsion pour les habitudes des Grecs, les Judéens leur avaient emprunté l’usage de fixer sur l’airain ou sur la pierre leurs actions et leurs pensées. Cependant leurs faveurs n’étaient pas le fruit d’un caprice fugitif ; mais ils savaient témoigner à leurs idoles une affection cordiale et un dévouement prêt à tous les sacrifices. Ainsi Israël eut de nouveau un prince légitime, sacré par le rote populaire, après en avoir été privé depuis la captivité de Sédécias. Cependant Siméon ne reçut pas le titre de roi : le peuple ne lui accorda que celui de prince, non pas qu’il voulût amoindrir son autorité, mais parce qu’il voulait rester fidèle au souvenir de la dynastie de David. Dans l’opinion populaire de cette époque, un véritable roi ne pouvait être que le descendant de David et le Messie attendu. Voilà pourquoi le décret du peuple contenait cette restriction que le pouvoir conféré à Siméon durerait seulement jusqu’au jour où surgirait le vrai prophète, Élie, précurseur du Messie.

Ce ne fut qu’après avoir été reconnu comme prince par le vote formel du peuple, que Siméon usa du droit que lui avait accordé Antiochus Sidétès, de battre monnaie. Ce furent les premières monnaies judaïques. Elles consistaient en sicles d’argent et en demi-sicles de cuivre. Elles portaient d’un côté l’indication de la valeur avec ces mots : Schékel Israel (sicle d’Israël) ; de l’autre, la légende : Yerouschalaïm ha-kedoscha (Jérusalem la sainte). La date était indiquée par une abréviation au-dessus des emblèmes, qui consistaient en figures symboliques empruntées au sacerdoce c’étaient, d’un côté, une branche en fleur (la verge d’Aaron), et de l’autre une sorte de coupe (probablement la coupe contenant la