Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/175

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jour ceux qui dorment dans la poussière, pour récompenser les bons selon leurs œuvres, pour punir les méchants selon leurs méfaits : les uns ressusciteront pour la vie éternelle, les autres pour l’ignominie perpétuelle. — Mais ces doctrines, qui ne visaient que les convictions intimes, ne donnaient pas lieu à une opposition aussi tranchée que la troisième doctrine des Pharisiens sur l’étendue et l’autorité des prescriptions religieuses. Chez une nation comme celle-ci, dont la religion était en quelque sorte l’âme, qui lui subordonnait tous ses actes, il devait se former, à côté de la loi écrite, des usages et des coutumes dont l’origine, aujourd’hui, se perd dans la nuit des temps. Quand ces pratiques n’étaient pas clairement indiquées par la lettre de la Loi, on les attribuait aux grands docteurs (Sopherim) ou à la Grande Assemblée (Kéneseth ha-ghedola) qui, lors du retour de l’exil, avait raffermi la religion ébranlée. Ces coutumes religieuses étaient désignées sous le nom d’ordonnances des scribes (Dibré Sopherim). Implantées au cœur de la nation et grandissant avec elle, toutes ces coutumes avaient acquis une importance extraordinaire aux yeux du peuple, qui avait bravé pour elles bien des dangers, exposé sa vie et ses biens. Le souvenir des martyrs et l’horreur pour les hellénisants apostats avaient exalté d’une façon extraordinaire, chez les fidèles, l’attachement à chacune de leurs pratiques. Le temple surtout, qui avait été profané sans pitié et, depuis, si merveilleusement rétabli dans sa pureté, était devenu l’objet de prédilection de la nation, qui le voulait à l’abri de toute souillure. Les prescriptions relatives à la pureté des Lévites, en tant qu’elles concernaient le temple, étaient observées par les Pharisiens avec un redoublement de scrupule et de sévérité.

Cependant la piété extérieure n’excluait pas chez les Pharisiens la piété intérieure. Ils avaient la réputation d’être de mœurs austères, chastes, sobres, doux et bienveillants envers chacun. Dans l’application des lois pénales, ils faisaient prévaloir l’indulgence et ne jugeaient pas les accusés en considérant leur perversité morale, mais en invoquant la faiblesse humaine en général. Un des chefs de leur parti, Josué, fils de Perachia, qui vivait sous Hyrcan, est l’auteur de cette sentence : Procure-toi un maître, fais-toi un ami, et juge tout homme avec bienveillance.