Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/177

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de donner un critérium pour fixer l’importance relative des lois, ils donnèrent celui-ci : Les dispositions légales, clairement énoncées dans la loi mosaïque, sont seules obligatoires ; toutes les autres, émanant de traditions orales ou émises postérieurement, n’ont pas de titres à une observance rigoureuse. Cependant les Sadducéens ne purent s’empêcher d’admettre certaines interprétations traditionnelles des lois du Pentateuque.

L’opposition entre les Sadducéens et les Pharisiens ressort très nettement de l’examen de quelques questions isolées au sujet desquelles ils étaient en désaccord. Elle embrassait les questions judiciaires et les questions rituelles ; les rites du temple étaient particulièrement, pour eux, un sujet de vive contestation. Ainsi les Sadducéens admettaient à la lettre les dispositions pénales édictées par le Pentateuque, au sujet des blessures corporelles : œil pour œil, dent pour dent. Ils acquirent, de la sorte, une réputation de sévérité excessive dans l’exercice du droit pénal, tandis que les Pharisiens, invoquant dans ces cas des interprétations traditionnelles, usaient d’indulgence et se bornaient à imposer des indemnités pécuniaires.

Parmi les questions de rite qui divisaient les Sadducéens et les Pharisiens, plusieurs furent discutées avec beaucoup d’acharnement. De ce nombre était la question de la fixation de la Pentecôte, qui, selon les Sadducéens, devait toujours tomber le dimanche, c’est-à-dire le cinquantième jour après le sabbat qui suit la fête de Pâque. De même la question des libations d’eau sur l’autel, pendant les sept jours de la fête des Tabernacles, et des processions autour de l’autel avec des branches de saule, rites que les Sadducéens rejetaient entièrement. Ils prétendaient également que les sacrifices quotidiens pour le peuple ne devaient pas être payés par la caisse du temple, mais qu’il dépendait du bon vouloir de chacun de fournir les victimes nécessaires. La question de savoir s’il fallait briller l’encens, au jour des Expiations, avant ou après l’entrée du grand prêtre dans le sanctuaire, devint aussi le sujet d’une querelle très vive. Les Sadducéens invoquaient toujours la lettre de la Loi. L’application logique de ce principe les amena parfois à un rigorisme bien plus accentué que celui des Pharisiens, réputés si sévères. Cependant ils attachaient peu