Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/184

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en germe une opposition au judaïsme existant, que ne soupçonnaient ni ses partisans ni ses adversaires.

Les Esséniens n’avaient aucune espèce d’influence sur les fluctuations politiques. Ils étaient en petit nombre ; à son époque la plus brillante, l’ordre ne comptait que quatre mille adhérents. Voués au célibat et ne pouvant remplacer les vides de leurs rangs par la filiation naturelle, ils cherchèrent à recruter des novices et à faire des prosélytes afin de ne pas disparaître peu à peu par extinction. L’admission des novices se faisait avec une certaine solennité. On leur remettait le vêtement blanc, la pelle et le tablier qui étaient les symboles de l’ordre. Mais le novice n’entrait pas de plain-pied dans la communauté. Il passait par divers degrés de continence, et on lui imposait des règles de plus en plus sévères concernant les lois de pureté. Il lui fallait franchir trois grades ou épreuves successives avant d’être admis à faire définitivement -partie de l’ordre. Il devait s’engager par serment à mener une vie conforme à la règle de la secte et à transmettre fidèlement à ses successeurs les doctrines secrètes. Le membre reconnu indigne était exclu de l’ordre.

A l’époque de Hyrcan, la scission entre les Pharisiens et les Sadducéens n’était pas encore accomplie. Hyrcan se servait des uns et des autres, suivant leurs capacités : des Sadducéens, comme généraux et diplomates ; des Pharisiens, comme légistes, juges et fonctionnaires. Les premiers honoraient en Hyrcan le chef de l’État et le général ; les seconds voyaient en lui le pieux grand prêtre. Du reste, Hyrcan, qui, pour son compte personnel, observait scrupuleusement les principes des Pharisiens, avait à cœur de conformer l’organisation intérieure de l’État à ces mêmes principes. Les mesures ordonnées par lui montrent qu’il était entièrement pénétré de leur esprit. Hyrcan était vraiment le pontife selon le cœur des Pharisiens, le protecteur et le soutien de leur doctrine.

Mais Hyrcan était prince, et, comme tel, ne pouvait rompre avec les Sadducéens, ses compagnons de lutte, ses lieutenants et ses conseillers. Jonathan, leur chef, était l’ami intime du prince. Jusqu’à son âge avancé, Hyrcan sut résoudre le difficile problème de maintenir la trêve entre les deux partis ennemis. Grâce à son