Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’obligea à retourner à Jérusalem. Antigone continua quelque temps la guerre avec un grand bonheur ; mais, étant revenu à Jérusalem à cause de l’approche des fêtes de tisri, il ne revit jamais le champ de bataille. Il mourut assassiné, comme nous l’avons dit, et Aristobule succomba à son mal après un règne d’un an.

A la mort de ses deux frères, le pouvoir revint à Alexandre Jannée (Jonathan). On prétend qu’il fut tiré de la prison où il était détenu, pour aller ceindre le diadème. Au début de son règne, il semble avoir recherché la faveur populaire. Sa femme, Salomé Alexandra, était dévouée aux Pharisiens, qui avaient à leur tête Siméon ben Schétach, frère de la reine. Alexandre, qui, lorsqu’il fut appelé au trône, n’était âgé que de vingt-trois ans, avait les goûts belliqueux de sa famille, mais n’avait hérité de ses ancêtres ni les talents militaires ni la prudence. Il se lança dans des entreprises guerrières où il gaspilla les forces de la nation et mena plus d’une fois le pays au bord de l’abîme. Son règne, qui dura vingt-sept ans (105-70) et qui s’écoula au milieu des guerres, au dehors et au dedans, ne pouvait guère rehausser le bien-être matériel de-r la nation. Cependant son étoile le servit mieux que sa prudence et ne l’abandonna pas dans les situations critiques où il s’était mis. Il put même étendre les frontières de la Judée vers le nord. Comme son père, il se servait pour la guerre de troupes mercenaires, tirées de la Pisidie et de la Cilicie. Il n’osait employer à cet effet des Syriens ; l’aversion mutuelle qui régnait entre eux et les Judéens était trop profondément enracinée pour qu’on pût compter sur une coopération sincère. Les vues d’Alexandre se portaient surtout sur les villes maritimes. Pour les réduire, il fallut guerroyer non seulement contre les habitants, mais encore contre le prince égyptien Ptolémée Lathuros, qu’ils avaient appelé à leur secours. Ptolémée, qui était en guerre ouverte avec sa mère, la reine Cléopâtre, saisit avec empressement l’occasion d’accroître sa puissance, afin de pouvoir détrôner sa mère. D’ailleurs, Lathuros était hostile aux Judéens parce que Cléopâtre les favorisait. Un jour de sabbat, il attaqua avec ses troupes l’armée des Judéens, qui comptait au moins cinquante mille hommes et qui campait, près de Sepphoris. Trente mille Judéens jonchèrent de leurs cadavres