Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

aussi des maisons de prières, où ils s’assemblaient à des époques déterminées. Ils cultivèrent même la langue hébraïque assez bien pour pouvoir s’en servir dans leurs relations mutuelles. Où puisèrent-ils la connaissance de cette langue ? Dans les monuments écrits qu’ils en avaient entre les mains, et qu’ils lisaient avec d’autant plus d’ardeur, que là seulement ils trouvaient la base et la règle de leur conduite religieuse. De là, la valeur particulière accordée à un livre peu lu jusqu’alors, je veux dire le Pentateuque, le code des lois et des devoirs. Précédemment, pendant l’exil, c’est aux écrits des prophètes qu’on s’attachait de préférence, parce qu’on y puisait la consolation. Maintenant qu’il s’agissait de traduire en acte le sentiment religieux, de donner leur vrai caractère aux manifestations de la vie, c’est au livre de la Loi qu’il fallut demander une direction. Longtemps négligée sur le sol natal, c’est seulement en pays étranger que la Thora obtint respect et autorité. Rarement le sabbat, par exemple, avait été chômé avec autant de rigueur qu’il l’était dans les communautés persico-babyloniennes. Ce zèle à faire de la Thora une vérité, c’est-à-dire à en accomplir toutes les prescriptions, se personnifia surtout dans Ezra (Esdras), promoteur d’une ère nouvelle dans le développement historique de la race juive ; toutefois, il n’était pas isolé, et plusieurs partageaient ses vues.

Cet homme, créateur du nouveau mouvement religieux, était comme prédestiné, par son origine même, à enflammer les cœurs pour la Thora. Il descendait des grands prêtres ; un de ses aïeux, Chilkiyah (Helcias), avait découvert dans le temple le code du Deutéronome, et, en le faisant remettre au roi Josias, provoqué un revirement religieux. Il était aussi arrière-neveu de ce grand prêtre Seraïa, que Nabuchodonosor fit exécuter, et dont les fils peuvent avoir emporté en Babylonie le livre de la Loi. Ezra eut, d’après cela, occasion de s’occuper de l’étude de ce livre ; mais, plus que ses prédécesseurs et ses parents, il lui voua une attention particulière. Après l’avoir lu avec ardeur et s’en être pénétré, il songea que cette Loi ne devait pas rester lettre morte, mais être vivifiée par la pratique, par l’accomplissement de ses préceptes. C’est par lui-même, naturellement, qu’il dut commencer. Tous les devoirs que la Loi impose à l’individu sous le rapport du vêtement,