Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/197

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On les appelle les restaurateurs de la Loi, qui ont rendu à la couronne (de la Thora) son antique éclat.

Ils commencèrent par épurer le Grand Conseil en en expulsant les Sadducéens. Le code pénal, qu’ils avaient introduit comme supplément aux lois pénales du Pentateuque, fut abrogé et, à sa place, les lois traditionnelles furent remises en vigueur. Le peuple n’eut pas à se plaindre de ce changement, car les lois pénales des Sadducéens et notamment la loi du talion lui étaient odieuses à cause de leur dureté. La procédure fut modifiée en ce sens que les questions posées aux témoins ne portaient plus seulement sur le lieu et l’époque du crime, mais aussi sur les circonstances de détail, afin que le juge fût en état de mieux apprécier le fait et pût, au besoin, convaincre les témoins de contradiction. Cette mesure semble avoir été dirigée spécialement contre les dénonciations qui ne pouvaient manquer de se produire, en un temps où les rôles de vainqueurs et de vaincus changeaient si souvent. Siméon recommanda aux juges d’être très minutieux dans l’interrogatoire des témoins et très circonspects dans la manière de poser les questions, afin d’empêcher les accusateurs de s’emparer, avec mauvaise foi, des paroles échappées aux juges. Contre les divorces, qui se produisaient fréquemment et que facilitait l’interprétation littérale de la loi mosaïque sur la matière, telle que l’entendaient les Sadducéens, les Pharisiens prirent une mesure efficace. Le Grand Conseil publia une ordonnance établissant que l’époux devait remettre à la femme un contrat de mariage (kétoubah) par lequel il lui assurait un douaire garanti parla totalité de ses biens. Vu la rareté de l’argent chez un peuple dont la fortune consistait principalement en biens-fonds, cette mesure devait être un obstacle puissant contre le divorce. Les maris peu fortunés avaient souvent beaucoup de difficultés pour retirer une somme de leur commerce : ils se trouvaient ainsi forcés de triompher, par la froide réflexion, d’un instant d’entraînement et d’irritation.

Une autre mesure de cette époque, qui avait également pour auteur Siméon ben Schétach, concernait la réforme de l’enseignement public. Dans toutes les villes importantes, on institua des écoles supérieures pour les jeunes gens au-dessus de seize ans.