Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/20

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de la nourriture et des chômages, Ezra s’appliqua scrupuleusement à les observer. Puis à se fit l’instituteur de ses frères, expliqua la Loi de manière à la rendre saisissable pour tous et les exhorta à la suivre en toutes choses. A ses yeux, la Thora était une émanation de Dieu même, qui l’avait révélée à Moïse pour le peuple israélite. Aussi la plaçait-il plus haut, beaucoup plus haut que les autres écrits prophétiques, comme Moïse était plus grand que les autres prophètes. Ainsi pénétré de la divinité du code mosaïque et animé du désir ardent de le faire respecter, il n’eut pas de peine à faire partager et cette conviction et cette ardeur aux communautés de Babylonie. Il acquit de la sorte une haute situation parmi ses coreligionnaires ; sa parole devint une autorité, et se fit mieux obéir que n’avait jamais fait la parole enflammée des prophètes.

Ezra avait-il connaissance de la tiédeur religieuse des Palestiniens, et son voyage avait-il pour but d’assurer à la Loi tout son prestige ? Ou ne fut-il poussé que par l’impérieux besoin de s’établir à Jérusalem, alla d’y accomplir les préceptes qui se rattachent au temple et aux sacrifices ?... Quoi qu’il en soit, une fois sa résolution prise, il s’entendit avec un groupe sympathique à ses idées et disposé à le suivre. C’était un noyau assez respectable, plus de seize cents hommes des meilleures familles, avec femmes et enfants ; parmi eux se trouvait aussi un arrière-petit-fils de Zorobabel, de la lignée de David. Ceux qui ne pouvaient émigrer remirent à Ezra de riches présents pour le temple, or, argent, vases précieux. Chose surprenante, le roi Artaxerxés (Longue-Main) lui remit également des offrandes pour le sanctuaire de Jérusalem, et ses conseillers et autres grands de Perse en firent autant. Il est de fait que, en ce temps-là, le Dieu d’Israël comptait de fervents adorateurs parmi les Persans et d’autres peuples encore[4] : De levant jusqu’au couchant, son nom était grand et révéré parmi les nations. — En outre, Artaxerxés donna à Ezra des sauf-conduits pour les satrapes des pays par où il devait passer, et pour les go4verneurs de la Palestine. Il lui eût aussi donné une escorte pour tenir en respect les malfaiteurs et les malveillants dans ce long trajet, pour peu qu’Ezra l’eût désiré. Mais Ezra ne le désirait point, et il lui avait assuré au contraire, lui et ses compagnons, que