Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/203

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de son puissant voisin. Mais bientôt de nouveaux dangers vinrent l’assaillir et l’ébranler jusque dans ses fondements.

En effet, Alexandra avait été atteinte d’une maladie mortelle, et aussitôt surgirent de fâcheuses complications. L’ambitieux et violent Aristobule, prévoyant que son frère aîné, le faible Hyrcan, serait désigné comme successeur au trône, quitta secrètement la capitale et se rendit à la forteresse de Gabata, en Galilée, près de Sepphoris, dont le gouverneur, le Sadducéen Galaïste, qui lui était dévoué, lui remit les clefs. En quinze jours, vingt et un bourgs fortifiés étaient entre ses mains : leurs gouverneurs, tous Sadducéens, les lui avaient livrés. Il leva une armée chez les petits princes de la Syrie, ceux de la Transjordanie et les Trachonites. De la sorte, il put mettre en ligne des forces imposantes. En vain Hyrcan et les principaux membres du Conseil prièrent la reine de prendre un parti décisif pour détourner le danger imminent d’une guerre civile : elle les engagea à songer à l’armée, aux trésors et aux villes fortes qui lui restaient, en leur laissant le soin d’en disposer à leur gré pour le salut de l’État. Quant à elle, elle ne songea plus qu’à mourir. Elle s’éteignit bientôt, laissant son pays et son peuple en proie aux fureurs de la guerre civile qui devait lui coûter son indépendance, acquise au prix de tant de peines. Salomé n’avait régné que neuf ans et elle mourut, dit-on, à l’âge de soixante-treize ans. Elle avait encore vu les beaux jours de l’indépendance de sa nation et, sur son lit de mort, elle dut avoir le sombre pressentiment de sa servitude prochaine. C’est la seule reine de la nation judaïque dont la postérité ait honoré le nom, et elle en fut aussi la dernière princesse indépendante.

Quand la Providence a décidé la chute d’un État, rien ne précipite sa ruine comme les luttes de prétendants, parce qu’elles surexcitent les forces vives d’une nation, la poussent à s’entre-détruire et finissent par lui imposer le joug de l’étranger, joug d’autant plus pesant que l’étranger se présente en sauveur et en pacificateur. La mort de la reine Salomé fut le signal d’une guerre sanglante entre les deux frères, qui divisa la nation en deux camps., Avant de mourir, elle avait remis la couronne à son fils aîné, Hyrcan II. Celui-ci, qui possédait du reste toutes les vertus de