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CHAPITRE XII


ANTIGONE ET HÉRODE
(40-4)


Les premiers Hasmonéens, grâce à leur habileté plutôt qu’à leurs talents militaires, avaient assuré la grandeur et l’indépendance de la Judée. Le dernier prince de cette famille ne sut guère profiter des avantages de sa situation, et son impéritie ne valut au pays que des humiliations. Les circonstances étaient pourtant favorables à Antigone et lui auraient permis d’acquérir un haut degré de puissance. Les chefs romains étaient en guerre. L’Orient, dédaigné par Octave et échu à Marc-Antoine, était devenu pour celui-ci une résidence de plaisir. Dans les bras de Cléopâtre, il avait appris à prendre la guerre en dégoût. Les Parthes, dont Rome convoitait avidement le territoire, avaient repoussé vaillamment ses attaques. Si Antigone avait su entretenir la colère de ce peuple contre la famille iduméenne et les Romains, ceux-ci, au lieu de le traiter en ennemi, en auraient fait leur ami et leur allié, afin de susciter, avec son aide, des difficultés aux Parthes. Les vaillants montagnards de la Galilée tenaient pour lui. Ses partisans avaient changé Sepphoris en une place de guerre. Les cavernes d’Arbéla recelaient d’intrépides soldats de corps francs, qui pouvaient prendre l’ennemi à revers et lui faire beaucoup de mal. Mais Antigone n’avait aucune des qualités de l’homme d’État et du capitaine. Il ne sut même pas employer avantageusement les moyens dont il disposait. Il se dispersa dans une foule de petites entreprises. Sa passion dominante, c’était le désir de se venger d’Hérode et de ses frères. Ce sentiment paralysa plutôt qu’il n’accrut son activité. Il ne put jamais s’élever à cette hauteur de vues, digne d’un véritable roi, qui lui aurait permis de traiter les parvenus iduméens avec plus de mépris que de haine. Rien d’heureux