Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/229

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à Rome, afin d’avoir en elle un ferme appui contre la défaveur populaire; chercher à apaiser les ressentiments de la nation par des concessions apparentes et sans grande portée, ou les réprimer par une sévérité implacable, telle fui la politique qu’il suivit froidement, inexorable comme le destin, pendant un règne de trente-quatre ans. Même dans le premier moment de trouble qui suivit la prise du temple, Hérode conserva tout son sang-froid et ordonna à son serviteur Costobar de faire garder les issues de Jérusalem et arrêter tous les fuyards. Les partisans d’Antigone furent égorgés en masse; parmi eux se trouvaient quarante-cinq hommes appartenant aux meilleures familles. Cependant la haine d’Hérode n’était pas encore assouvie. Pour se venger des sanhédristes qui, douze ans auparavant, avaient été sur le point de le condamner pour le meurtre d’Ézékias, il les fit massacrer tous, à l’exception de Schemaya et d’Abtalion, qui s’étaient montrés hostiles à Antigone. Imitant les procédés des Romains, qui confisquaient les biens des proscrits, ils empara de la fortune de ses victimes. Un certain Ananel, qui était, il est vrai, un descendant d’Aaron, mais qui n’était ni de la famille des Hasmonéens ni d’une autre lignée de grands prêtres, fut élevé par Hérode aux fonctions pontificales. A partir de ce moment, celles-ci ne furent plus héréditaires. Hérode prétendait être issu lui-même d’une famille judaïque très ancienne, qui avait émigré de la Babylonie en Idumée. Il voulait ainsi effacer la tache de son origine. N’était-il pas le descendant de ces Iduméens qui avaient été convertis au judaïsme par la force ? Les gens du pays qui avaient bonne mémoire et qui connaissaient sa véritable origine ne le croyaient guère, mais les étrangers s’y trompèrent. Son ami intime, l’historien grec Nicolas de Damas, répéta cette fable telle qu’il l’avait entendue de la bouche d’Hérode. Après la mort de Schemaya et d’Abtalion, Hérode appela à la présidence du Sanhédrin des étrangers et, à ce qu’il semble, des Babyloniens de la famille des Bené-Bathyra.

Deux personnages étaient seuls désormais capables de troubler la quiétude d’Hérode, un vieillard et un adolescent : Hyrcan, qui avait été roi et grand prêtre, et son petit-fils, Aristobule, qui visait à être l’un et l’autre. Tant que ceux-ci n’auraient pas été réduits