Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/235

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dire en toute assurance : Je sais que ces cris ne sortent pas de ma maison. Les sentences qu’il a laissées, et qui surpassent en concision celles de ses prédécesseurs, sont toutes conçues dans cet esprit. En voici quelques-unes : Si je ne songe pas à moi (à mon âme), qui y songera ? Si je ne songe qu’à moi, que pourrai-je obtenir ? Si ce n’est maintenant, quand sera-ce ?Sois des disciples d’Aaron, aime la paix, recherche-la, aime les hommes et tu les amèneras à la Thora. Pénétré de la haute mission confiée à Israël, d’enseigner la foi en Dieu dans toute sa pureté, il exprimait ce sentiment, lors de la fête des Libations d’eau dans le temple, par ces mots : Si moi (Israël), je suis ici, l’univers entier y est. Si je n’y suis pas, qui donc y sera ? — La doctrine du judaïsme avait tant de valeur à ses yeux, qu’il s’affligeait s’il la voyait servir à satisfaire l’ambition ou la soif de la renommée : Celui qui cherche à grandir son nom le rabaisse; celui qui ne s’occupe pas activement de l’étude ne mérite pas de vivre ; celui qui n’augmente pas ses connaissances dégénère ; celui qui tire profit de l’étude de la Loi périt.

De même que, par ses hautes vertus, Hillel est devenu, aux yeux de la postérité, un idéal de perfection, ainsi le développement qu’il a sa donner au judaïsme légal l’a placé au premier rang et lui a valu l’honneur d’être appelé le restaurateur de la Loi. Son action à la fois réparatrice et vivifiante s’exerça surtout, d’une manière efficace, dans deux directions : il enrichit le fond des traditions orales qu’il devait à Schemaïa et à Abtalion, et il donna aux dispositions légales une extension méthodique. En effet, suivant Hillel, la tradition porte en elle-même les raisons de sa légitimité et de son caractère obligatoire ; elle n’a pas besoin d’invoquer uniquement le principe d’autorité. C’était là une tentative pour réconcilier les pharisiens et les sadducéens, puisque les uns et les autres pouvaient admettre les principes posés par Hillel. Toute dispute d’école au sujet du caractère d’obligation des lois traditionnelles se trouvait ainsi écartée. Hillel concédait aux sadducéens que les lois traditionnelles doivent avoir leur fondement dans la Thora ; mais, d’un autre côté, il déclarait que ce n’est pas seulement la lettre de la Loi qui confère leur valeur aux prescriptions, et que cette valeur peut se déterminer par une